Intégration du numérique
Le rôle de l’école est, entre autres, celui de susciter et d’accompagner au mieux le développement des compétences nouvelles que la culture numérique induit, dépassant les considérations uniquement techniques, et touchant également aux sphères sociales et informationnelles.
Réussir la transition numérique en matière d’éducation suppose tout d’abord de définir les compétences et les contenus de la “société numérique” actuelle. Les compétences numériques à développer sont des “savoirs, des savoir-faire et des savoir être en action” dont les composantes sont relatives aux aspects sociaux, informationnels et techniques impactés par la culture numérique. Ces compétences supposent tant l’éducation “au” numérique que “par” le numérique. Les contenus numériques font partie d’un nouveau domaine de savoirs. Ils sont les produits, les représentations, les opinions, les processus, etc. spécifiques à la société numérique. En la matière, la distinction conceptuelle entre éducation par le numérique et éducation au numérique est essentielle. De quoi s’agit-il? L’éducation par le numérique traite des utilisations du numérique au service des apprentissages (en français, en mathématiques, en éducation à la philosophie et à la citoyenneté, etc.). Le numérique est donc vu comme un moyen au service de la pédagogie et de l’apprentissage. Ex. : réaliser des exercices de mathématiques sur un site en ligne ou une application spécifique, s’enregistrer pour se réécouter et évaluer sa prise de parole, photographier ou filmer pour garder des traces des différentes étapes d’une démarche scientifique… L’éducation au numérique traite le numérique comme un objet d’apprentissage en soi, qui comporte son lot de savoirs, de savoir-faire, de savoir-être et de compétences à apprendre et à maitriser. Ex. : insérer une pièce jointe lors d’un envoi de courriel, apprendre à utiliser un traitement de texte, savoir ce qu’est un hypertexte ou un URL, apprendre à rechercher une information sur internet, expliquer la notion de "fake news"… Dans le passé, l’apprentissage de ces compétences numériques par les élèves se déroulait parfois dans certains "cours d’informatique", au travers de l’éducation aux médias, ou encore dans les classes de certains enseignants pionniers intéressés par ce sujet. Dans le cadre du Pacte pour un Enseignement d’Excellence, cette éducation au numérique prend une place plus officielle en Fédération Wallonie-Bruxelles, puisqu’elle se trouve désormais détaillée dans le référentiel de Formation manuelle, technique, technologique et numérique. La formation au numérique fera donc partie du programme scolaire obligatoire à partir de la 3ème primaire (au minimum jusqu’à la fin du tronc commun à 15 ans). Elle constituera donc un nouveau volet au sein des programmes. Par ailleurs, l'intégration du numérique nécessite d’autres conditions, à commencer par l’équipement en matériel, de l’accompagnement, ou encore la formation initiale et continuée des enseignants. Ces différents volets font partie de la Stratégie numérique pour l’éducation en FWB. Pour faciliter cette intégration, plusieurs modèles et outils existent. Cependant, il faut être conscient des bénéfices et des limites de l'intégration du numérique dans l'éducation. Celle-ci doit être raisonnée, progressive et apporter une plus-value. La technologie est un outil au service "de" et non un but en soi. |
Les modèles
Le modèle SAMR offre une méthode (mis en place par Ruben Puentedura, chercheur américain) permettant de mieux saisir comment la technologie peut avoir un réel impact sur l’enseignement et l’apprentissage. Ainsi, il aide l’enseignant à comprendre qu’intégrer les TIC ne signifie pas d’utiliser la technologie à tout prix, mais disposer de nouveaux outils pour engager l’élève dans ses apprentissages, souvent de manière plus ludique et aussi plus efficace. La technologie devient donc un outil pour atteindre ce but.
Ce modèle centre l’enseignement sur l’élève, en le considérant comme acteur de sa progression. Il va aussi permettre à l’enseignant de placer son curseur dans une situation pédagogique, de savoir où il en est et si ce qu’il fait travailler relève d’une plus-value ou non. Ainsi, SAMR évalue la transposition de l’activité par le numérique. Bien que très linéaire, cette échelle permet de facilement évaluer une activité. Elle est aussi très intéressante pour les situations déjà avancées où l’adoption du numérique est déjà opérée par l’enseignant et la classe. Les lettres signifient Substitution, Augmentation, Modification et Redéfinition.
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Le modèle ASPID est apporté par Karsenti sur base de plusieurs enquêtes et heures d’observation. Il a pour objectif de modéliser le processus d'adoption et d'intégration pédagogique du numérique en éducation. Cette réflexion se veut une aide à l'orientation pour un usage plus efficace du numérique. Lors de l'utilisation d'une technologie dans le cadre d'un enseignement, il faut se poser la question de sa pertinence et de son utilité. Ce modèle est plutôt orienté vers l’assimilation des outils par l’enseignant pour dynamiser sa pédagogie.
Ce modèle est basé sur le même principe que le modèle SAMR, mais moins linéaire car prenant aussi en compte la détérioration possible des pratiques et l’adoption de celles-ci. Elle peut permettre aux enseignants commençant à intégrer le numérique dans leur pratique, de relativiser l’étape dite de l’adoption. Période charnière, transitoire et nécessaire, l’adoption du numérique est cruciale car elle va déterminer la suite, soit une progression vers des activités soit une détérioration. Ces échelles nous informent donc sur le caractère instable du niveau des activités : ce n’est pas parce qu’une activité relève des plus « hauts » niveaux d’usage que toute la classe fonctionne ainsi. Einstein n’était selon les historiens pas un très bon pédagogue, c’est justement le travail du professeur de trouver les chemins pour mettre les élèves sur la voie de la réussite, le niveau personnel en numérique n’importe que de manière secondaire. Le modèle reprend plusieurs situations : « l’Adoption », « la Substitution », « la Progression », « l’Innovation » et la « Détérioration » tout en y intégrant l’engagement de l’enseignant et les usages des apprenants.
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D'autres outils/ressources...
- Comparaison des deux modèles (SAMR et ASPID).
- DigCompEdu : les professionnels de l'enseignement font face à des exigences en évolution rapide, qui nécessitent un nouvel ensemble de compétences plus larges et plus sophistiqués qu'auparavant. L’omniprésence des dispositifs et applications numériques, en particulier, impose aux éducateurs de développer leurs compétences numériques. Le DigCompEdu détaille une vingtaine de compétences organisées en six domaines (version complète en anglais et résumé en français).
- l'Éducation aux médias : programme scolaire à destination du fondamentale, édité par le SeGEC.
- Le référentiel de formation manuelle, technique, technologique et numérique : référentiel du tronc commun dans le cadre du "Pacte pour un Enseignement d'Excellence".
- Stratégie Numérique pour l'Éducation en Fédération Wallonie-Bruxelles.